MARY-JANE GASPARD : “Être la fille de Jean-Claude veut surtout dire qu’il faut mériter ce nom”
ARTICLE PARU DANS SCOPE | 10 FEBRUARY, 2016 - 19:00
Elle connaît actuellement le succès avec ses nouveaux titres, Choisir et Zis pou lizie. Pour atteindre le sommet, Mary-Jane Gaspard raconte qu’elle a dû foncer, travailler dur pour montrer qu’elle fait bien partie de la catégorie Gaspard et qu’elle est bien la fille de son père. De Sentiment Kamarad en 2002 à aujourd’hui, elle s’est construite avec l’aide de son père mentor, a parfois pris les mauvaises décisions, mais a gagné en expérience. À 26 ans, Mary-Jane Gaspard a les armes qu’il faut pour poursuivre à la fois sa carrière de chanteuse et d’animatrice de radio.
Qu’est-ce que ce beau soleil de ce jeudi matin à Flic-en-Flac vous donne envie de faire ?
J’adore le beau temps, le soleil, la plage. Nous avons la chance d’être dans une île magnifique, qui donne évidemment des envies. Comme d’aller nager, de sortir, de découvrir. Et ça m’inspire beaucoup, ce beau temps qu’il fait aujourd’hui, car il ramène de la joie, de la bonne humeur. J’ai envie de passer une merveilleuse journée, de croquer la vie à pleines dents et de profiter de chaque moment.
Comme celui de jouer au mannequin pour Scope aujourd’hui… Cela vous a-t-il plu ?
Le photographe est très gentil, très sympa, mais très exigeant. Il a été très professionnel et m’a conseillé certaines poses, malgré le soleil de plomb. Même si je ne suis pas mannequin, j’ai été ravie de jouer le rôle, au point d’accepter de me plier aux exigences du photographe (rires). Cela a été très agréable, d’autant que je sais que je le fais pour le magazine Scope, pour les lecteurs, le public et mes fans.
Parlons chanson. Si vous étiez une chanteuse internationale, vous seriez qui ?
Je serais plusieurs à la fois, car il y a tellement de chanteuses qui me plaisent, m’inspirent. Tout d’abord, Beyoncé pour son girl power. C’est une fonceuse, une battante, qui sait gérer son équipe, son groupe, ses danseuses, ses musiciens. Lorsqu’on visionne l’un de ses shows, on s’en rend compte et on se dit qu’il n’y a rien à ajouter. C’est ce que je voudrais être sur scène.
Il y a aussi Lauryn Hill, pour son authenticité et son aspect vrai et sincère. Quand elle est sur scène, elle nous montre ce qu’elle est réellement. Rien n’est calculé pour plaire. C’est vraiment ce qu’elle a dans les tripes qu’elle laisse échapper. Et ce qu’elle fait est loin d’être du commercial.
Un mélange de ces deux artistes complémentaires est ce que je voudrais être en tant que chanteuse. Car je veux garder mes vraies valeurs, rester roots.
Vous rêvez d’être comme elles et de faire carrière comme elles. On peut dire que Mary-Jane Gaspard a fait son bout de chemin depuis Simplement Kamarad, en 2002. Racontez-nous.
Cela me fait retourner des années en arrière. J’étais au collège quand j’ai sorti Simplement Kamarad. J’étais très jeune et c’est mon père qui m’avait entendue chanter et qui m’avait proposé de poser ma voix sur une chanson. J’ai essayé une première fois à la maison : il a aimé, et ça a été le studio direct pour l’enregistrement. Un succès inattendu a suivi. Simplement Kamarad a fait le buzz, comme toutes les compos de mon père d’ailleurs. C’est une chanson qui existait déjà et dont peu de personnes connaissaient la version originale. Tout en goûtant au succès de Simplement Kamarad, je devais me concentrer sur mes études. Je n’avais donc pas le temps de défendre la chanson sur scène. Il m’a fallu attendre un an pour envisager un premier album solo. Festival, mon premier opus de huit titres, a toutefois connu un succès mitigé. C’était difficile de vouloir faire de la musique à cette époque, tout en étant au collège et de se rendre aux leçons, du lundi au vendredi. Au moment où est sorti l’album Festival, je n’avais ni le temps ni l’âge de me lancer dans le domaine musical.
Regrettez-vous cette époque ?
J’avais 15 ans. Même si j’avoue que ce n’était pas le bon moment pour me lancer dans la musique, je dois avouer que ces instants restent de bonnes expériences. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, j’ai les bonnes armes en main pour faire le métier d’artiste-chanteuse.
Et qu’en est-il du métier d’animatrice de radio, que vous pratiquez depuis 2008 ?
Cela a été le coup de foudre immédiat quand j’ai débarqué à la radio en tant qu’animatrice. Je m’étais pourtant mis en tête que j’allais être avocate. J’ai même suivi des cours de droit. Au bout de deux années, j’ai réalisé que cela ne me faisait pas vibrer. C’est alors que je me suis lancée dans le milieu de la radio, qui m’avait toujours branchée, surtout à l’époque où je donnais des interviews lors de la sortie de Simplement Kamarad et de l’album Festival. J’ai atterri à la MBC, puis à Radio Plus. Tout en étant à la radio, j’ai toujours gardé un pied dans le domaine musical, car cela fait partie de moi. À Radio Plus, j’ai été fascinée par le contact avec les auditeurs. C’était des moments magiques. Il y a eu des moments où je n’avais pas le moral et où les auditeurs étaient là pour le remonter. En étant à la radio, je peux toujours être en contact avec la musique, la chanson.
Après les récentes polémiques autour du “Disque de l’année” et des chansons sélectionnées, dans lesquelles vous étiez directement impliquée, pensez-vous que le métier d’artiste et celui d’animatrice à la radio font bon ménage ?
En tant qu’artiste, nous avons des causes beaucoup plus importantes à défendre que celles des “Disques de l’année”. Par exemple, les artistes qui se font tabasser alors qu’ils tentent de défendre leurs produits méritent plus d’attention, de considération et pourquoi pas une conférence de presse, comme celle qui a été organisée dans le cadre des sélections du “Disque de l’année”. J’invite le public à se réveiller, à ouvrir les yeux et surtout à ne pas prêter foi aux rumeurs. En étant à la fois artiste et animatrice, je n’accorde de l’importance qu’à mes auditeurs et mes fans. Sur scène ou à la radio, je leur fais plaisir. Je ne suis pas à la radio pour me faire de la pub gratuite. Pour moi, ce sont les vraies émotions qui comptent. Le succès, la gloire, être le No 1… tout s’envole en quelques années. Et le No 1 devient vite le No 10.
Le fait d’être la fille de Jean-Claude Gaspard vous a-t-il aidé ou ralenti dans votre carrière artistique ?
Le fait d’avoir un chanteur de talent, un génie comme Jean-Claude Gaspard comme paternel, m’a permis d’avoir une longueur d’avance sur certains artistes et de savoir où je voulais me situer. En même temps, le fait d’être sa fille m’a fait mettre la barre encore plus haut. Car je n’ai pas droit à la médiocrité. Je suis obligée de donner le meilleur de moi-même à chaque fois et de me ranger dans la catégorie Gaspard. D’autant que les gens ont tendance à dire : “Tu es la fille de Jean-Claude Gaspard, donc qu’est-ce que tu vaux ?” Sincèrement, ça met de la pression. Ce sont des very high expectations. Pour résumer, être la fille de Jean-Claude Gaspard veut dire qu’il faut foncer, qu’il faut travailler et qu’il faut surtout mériter ce nom.
Justement, qu’avez-vous appris et retenu de votre paternel ?
Dès l’âge de 12 ans, il m’a formé pour que je sois une chanteuse, un artiste. C’est mon mentor. Il m’a tout appris, notamment comment me tenir sur une scène et chanter.
On peut dire qu’il ne vous a pas transmis son art d’interpréter des morceaux à double sens. Ce sont plutôt les thèmes sérieux et surtout tabous tels que le divorce, l’infidélité, qui vous interpellent. Est-il facile pour une femme de 26 ans d’aborder de tels sujets ?
Je suis de nature franche et directe. L’âge ne compte pas. Quand j’ai un message à faire passer, je ne passe jamais par quatre chemins et n’utilise pas le double sens. Je balance, et c’est tout.
Que faut-il à un artiste pour pouvoir s’inspirer de tels sujets pour composer une chanson ?
Ouvrir les yeux ! C’est vrai aussi que chaque artiste se laisse inspirer par des choses, des situations différentes. Moi, j’ai choisi de parler de sujets qui font partie de la société, du quotidien des gens. Je veux dire haut et fort qu’on ne vit pas dans le monde des Bisounours et que les réalités et les difficultés de la vie sont bel et bien présentes autour de nous. Il faut en parler, et pourquoi pas dans des chansons et sur de douces mélodies. Un thème comme le divorce peut atteindre les gens et toucher leur cœur, bien plus que les chansons qui parlent d’une vie parfaite et d’amour.
Après le récent succès de Choisir et Zis pou lizie, quelle est l’étape suivante pour Mary-Jane Gaspard ?
Zis pou lizie, c’était énorme. C’est une chanson qui figure sur un maxi-4, produit par Denis-Claude et moi-même en novembre 2015. Pour la petite histoire, la petite fille qui chantait Simplement Kamarad a grandi, mûri et s’est aujourd’hui lancée dans la prod avec la boîte C Gas Production. C’est ma grande fierté. Je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Car la prod me branche énormément.
https://www.youtube.com/watch?v=4RXlw2wPnds
Source: LeMauricien 2-10-16